Doit-on être parfait pour être engagé ?

C’est à l’occasion de plusieurs discussions auprès de personnes de mon entourage que je me suis retrouvé confrontée à des réflexions ou des critiques qui revenaient systématiquement. Les notions d’engagement, de perfection (surtout d’imperfections, en fait) et de paradoxe (dieu que j’aime ce mot) se retrouvent alors souvent imbriquées.

Rien de mieux pour illustrer mes pensées qu’une situation concrète : A plusieurs reprises, en énonçant mon mode de vie à certaines personnes (mode de vie dont je fais en sorte qu’il devienne de plus en plus écologique, éthique et respectueux de tout ce qui m’entoure ainsi que de moi-même), cela a souvent conduit à des réactions visant à décrédibiliser mes actes (souvent sous couverts d’humour).

« Ah t’es une meuf bio et tout ? Mais pourtant t’as un smartphone »

« Tu te dis écolo, mais t’as une voiture pourtant. Et ça, ça pollue »

« Tu te dit respecter les animaux ? Pourtant t’es pas végane ».

« Tes vêtements là, ils ont été fabriqués par des p’tits chinois. C’est pas éthique »

La question qui m’est alors venue en tête à donc été : Doit-on être parfait pour être engagé ? 

Question difficile.

Comme chacun le sait, la perfection n’existe pas.


Phrase bateau, certes. 

Un produit ne pourra jamais être 100% éthique, 100% bio et naturel, 100% écologique, le tout avec une empreinte carbone faible, respectueux de l’environnement, de soi-même, des autres et des animaux. (Désolée). Et il en est de même pour nos actes.

Néanmoins, dans le cas où la perfection ne serait pas nécessaire –car inatteignable-, ne serait-ce pas trop facile de se considérer comme « engagé » tout en faisant tout et n’importe quoi, sous prétexte que « oh, personne n’est parfait hein, donc c’est pas grave » ?

Il est vrai qu’avoir de la crédibilité à son importance. Se dire écolo engagé tout en consommant de la viande 3x par jours, en consomment des produits industriels et en roulant en gros 4×4, ça n’est pas sensé. (coucou les politiques!)

Où est donc la limite, dans ce cas là ?

A mon niveau et également à titre d’exemple, je pourrais citer la fois où -accompagnée d’amis qui sont au courant de mon mode de vie- j’avais goûté du poulet (quand bien même mon régime alimentaire tend entre le végétarisme et le végétalisme). A ce moment là, certains me l’ont fait remarqué en critiquant cet acte (« hé bha dis donc, tu dis t’es végétarienne mais riendutout mdrlol« ), et là, la question de « est-ce cela me décrédibilise-t-il? » m’est alors apparue.

Là où la nuance s’est effectuée dans mon esprit, c’est que contrairement à ce qu’eux pensaient, je ne m’étais jamais considérée comme « végétarienne ». A vrai dire, j’explique souvent que j’ai un « régime à tendance végétarienne/végétalienne », afin de ne pas être mise dans une case, et de pouvoir rester libre de mes choix.

Mais doit-on nécessairement avoir à « jouer sur les mots » pour vivre tranquillement, sans subir de critique ?

Je pense que tout est une question de mesure : Par exemple, en consommant de la viande 2 fois par an, je conserve un mode de vie que je considère suffisamment respectueux des valeurs qui me tiennent à cœur. Par conséquent, le fait d’outre-passer cette « règle », ne me semble pas grave, dans la mesure où je le fais consciemment et en connaissance de cause.

La place de la notoriété


L’un des autres facteurs qui à mon humble avis, semble jouer sur cette volonté d’être parfait, concerne le cas de personnes ayant une certaine notoriété.

Un exemple concret que je peux donner concerne Les cheveux de Mini. Grande prêtresse des cheveux au naturel, analysant toutes les compositions, fournissant de précieux conseils et ayant de multiples connaissances, elle avait un jour posté sur Facebook une photo d’elle avec une frange fièrement colorée de violet, par envie de changement et de fantaisie.

A ce moment là, plusieurs de ses abonnés se sont permises de la décrédibiliser à base de « tu di être naturel mai sa c pas naturel hin« , « tu nou a trahi« , etc. Ok. OK.

Ainsi, le fait d’avoir une « communauté », d’être suivie et d’avoir ne serait-ce qu’un peu de notoriété signifie t’il que l’on doit rendre des comptes à qui que ce soit ? Doit-on être jugé pour une acte qui en apparence semble être contraire à notre éthique ? (je dis en apparence, dans la mesure où quand bien même les produits que Mini avaient utilisé demeuraient plus sains que la moyenne…)

Estime de soi et vision des autres


L’important après tout, ne serait-ce dont pas d’être en accord avec soi-même ? Quand bien même nos agissements ne sont pas parfaits, la question d’être sincère avec soi-même et d’être à l’aise dans ce que l’on fait prime avant tout.

Je considère que malgré ce que peuvent en dire certaines personnes, il n’y a pas d’investissement et d’engagement inutile, quand bien même il serait mineur. Faire peu est mieux que de ne rien faire du tout. Laissons ainsi chaque personne aller à son rythme, s’engager à sa manière et  avancer par ses propres moyens. Blesser quelqu’un en le méprisant ne semble pas pouvoir apporter quoi que ce soit de positif, alors pourquoi ne pas l’encourager plutôt que de vouloir trouver les failles de son engagement ? Et au pire, si tu n’es pas d’accord avec son mode de fonctionnement… On s’en tape, non ?

Pour conclure, cet article soulevant plus de questions que de réponses, je dirai que l’important réside dans notre capacité à être conscient de nos actes, et d’être en harmonie avec soi-même. L’Homme est paradoxal et ambivalent, constitué de positif comme de négatif : à nous de trouver le juste équilibre, et de vivre en accord avec ses envies et ses pensées. Si la perfection n’existe pas, le perfectionnement lui, est toujours envisageable : libre à chacun d’y aller à son rythme (dans la mesure où l’envie de perfectionnement est présente!), d’être tolérant envers les choix des autres et savoir également être tolérant envers soi-même.

 


 NB : Je me suis rendue compte que la bloggeuse Antigone XXI avait déjà posté un article à ce sujet. Loin de moi la volonté de plagiat, l’idée me trottant déjà dans la tête depuis longtemps. Je te conseille donc d’y jeter un coup d’œil, permettant ainsi de compléter ce que j’ai dis, et de présenter un autre point de vue. (Promi gé pa copié)

Une réponse sur « Doit-on être parfait pour être engagé ? »

  1. Plus facile de décrédibiliser les efforts des autres plutôt que de remettre son propre mode de vie en question. :) Heureusement avec quelques arguments bien placés ces gens-là finissent assez vite par faire face à la débilité de leur discours !
    Le pire je crois ça reste l’extrême mauvaise foi des gens lorsqu’ils sortent « Il y a des choses plus importantes dans la vie » -> Ah, parce qu’on ne peut pas avoir plusieurs combats ? C’est soit les animaux, soit l’homme ? Zut, moi qui pensais qu’on pouvait militer pour les droits de tous les êtres vivants… et eux, ils font quoi pour les enfants qui meurent de faim ? Encore une fois c’est facile de ne rien faire sous prétexte qu’il y a beaucoup (« trop ») à faire. C’est pas comme ça qu’on va avancer.

    Bref, courage pour toutes ces réflexions de merde ! ;)

    J’aime

Laisser un commentaire